La saison 2024 -2025

Un immense merci pour cette pièce. Merci pour la beauté de la scénographie, le travail enrichissant sur la révolution russe, et l’accueil bienveillant. La Cartoucherie était un lieu unique, très agréable et convivial. Merci aux comédiens d’avoir pris de leur temps pour répondre à nos questions et nous permettre de découvrir les coulisses, ce fut une opportunité exceptionnelle. O.N.
Une troupe amène et une mise en scène admirable en un espace comme hors du temps.
Les décors, tous plus beaux les uns que les autres, s’enchainent à force de transitions millimétrées. L’éventuelle lourdeur du thème politique manifestement engagé de la pièce est évitée par la satire du dictateur et par les interventions de la narratrice et des différents personnages extérieurs à l’intrigue. Le motif de la lumière, très présent dans cette pièce jouée dans une obscurité quasi-totale, rapproche le spectacle d’un son et lumière et ajoute une dimension esthétique aux dimensions culturelle, historique et musicale de l’ensemble. Bref, une très bonne sortie et une super découverte !
L. R.



J’ai aimé la pièce dans son ensemble, même si j’étais assez déstabilisée au départ par le jeu des comédiens, qui ressemblait ni plus ni moins à une lecture à la table, le texte à la main. La mise en scène était certes simple, mais certaines images marquent tout de même l’esprit, notamment à travers les jeux de lumières. La ballerine, qui reçoit le dernier baiser de la mort en fin de pièce, est reflétée par son ombre à cour, ce que j’ai trouvé particulièrement beau et marquant. Le concept de “Binômes” enfin, était pour moi profondément intéressant, puisqu’il lie des domaines qui semblent diamétralement opposé pour beaucoup : l’art théâtral et la science, qu’elle soit sociétale, mathématique ou physique. Ici, c’était de la neuroscience. Mais, cela dit, je demande à voir d’autres pièces, sur peut-être des thèmes plus différents et difficiles à traiter encore.
M.R.
.




Dérapage par les Sea Girls, c’est la réinvention du Music-Hall des années 20, interprété par trois comédiennes quarantenaires, qui ont joué durant des années sur ces même scènes de Music-Hall, et qui déclarent en avoir marre de cette vie artistique cliché, passée à vérifier le moindre détail pour que tout soit parfait et que rien ne dépasse. D’autant plus que, passé un certain âge, ce milieu est de plus en plus intransigeant avec elles. Elles déclarent alors une « révolution », montrant au public l’envers du décor, (littéralement, puisque ce sont des coulisses qui sont représentés sur scène), non sans une pointe d’humour, caractéristique de Pierre Guillois (Les Gros patinent bien).
J’ai beaucoup apprécié ce spectacle, notamment pour ses costumes riches, divers et colorés, qu’ils soient à plumes ou en paillettes, me replongeant dans cette époque que je n’ai pas connue, et pour sa touche d’humour décomplexante, qui nous fait prendre conscience des enjeux sociétaux contraignants.
L.F.


Dans le spectacle MEMM, Mauvais Endroit au Mauvais Moment, la comédienne et circassienne Alice Barraud met en scène sa reconstruction personnelle suite aux attentats de Paris 2015 lors desquels elle a reçu une balle dans le bras. Elle s’exprime beaucoup grâce au langage du corps à travers des passages dansés et des numéros de cirque, accompagnée par le musicien Raphaël de Pressigny, son compagnon qui l’a aidée dans tous ses moments compliqués. Elle se sert également de l’humour pour alléger cet évènement traumatisant tout en soulevant certains problèmes qu’elle a rencontrés lorsqu’elle avait un bras immobilisé.
J’ai beaucoup aimé ce spectacle qui mêlait théâtre, danse, cirque et musique, toutes ces formes différentes d’arts pourtant toutes mises au service du même message. J’ai adoré la dernière scène que j’ai trouvée très poétique dans laquelle un trapèze est descendu du plafond et sur lequel la circassienne a voltigé dans sa robe blanche au-dessus de la scène avec beaucoup de légèreté.
L.D.
Laissez-moi vous parler d’une pièce qui m’a profondément marquée. Je veux parler de MEMM : Mauvais endroit au mauvais moment, d’Alice Barraud et Raphaël De Pressigny. Je me suis retrouvée complètement captivée par l’histoire qu’Alice souhaite nous raconter, en tournant autour sans évoquer directement l’événement traumatisant qu’elle a vécu : les attentats du 13 novembre. Me voilà, du début à la fin, happée par tous les rebondissements de sa vie, qu’elle mélange dans un récit mêlant acrobaties et arts du cirque.
Je me suis sentie touchée directement par les détails de sa vie, sa reconstruction et chaque mot soigneusement choisi tout au long de sa narration. Ce spectacle est unique, car c’est la vie de l’autrice qui est racontée par elle-même. Je ne peux qu’ajouter que ce spectacle est profondément authentique, et les émotions qui s’en dégagent sont propres à la comédienne. Raphaël, avec ses compositions musicales, contribue à me transporter encore davantage dans l’état émotionnel d’Alice, un état presque indicible. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle fait appel à la danse et aux acrobaties.
Ce spectacle est, pour moi, une œuvre favorite, tant pour la transmission des émotions que pour sa mise en scène. SJ.


Les pièces d’Elise Noiraud sont aussi opposées que complémentaires, et m’ont toutes atteintes différemment dans leur ensemble. En effet, l’évolution du personnage dans cette trilogie autobiographique a résonné en moi, alors que l’on voit sur le plateau une jeune fille devenir une femme en l’espace de quelques heures. La première pièce m’a d’abord laissé quelque peu agacée, je dois l’avouer, notamment à cause du caractère bruyant et naïf de cette enfant de 8 ans encore insouciante. Mais la deuxième m’a tout de suite beaucoup plus touchée. Elise est déjà plus grande, et fait face à des problèmes, mais aussi des joies, qui font écho à nos vies de lycéens, comme les premiers amours, les soirées ou les projets de groupe. Enfin, la dernière et finale partie de la trilogie relève de thèmes plus sombres, qui m’ont au final plus émue. L’actrice présente une vie qui n’est pas encore la mienne mais qui est un future proche, alors que nous sommes à l’aube de l’âge adulte. Pour finir, le texte m’a particulièrement touchée parce que le jeu et le texte de la comédienne permettait de s’identifier à elle, voire de se reconnaître en elle. L’effet de “catharsis jubilatoire”, qui est mentionnée dans la fiche de salle, est donc en effet très présent, et c’est ce qui en a fait le charme de la pièce.
M.R.



C’est aussi à une sorte d’apologie du théâtre à laquelle j’ai assisté au fil du spectacle puisque que le théâtre est abordé dès les premières minutes du témoignage des comédiens, avant d’être oublié, puis de réapparaitre en quelque sorte, sous la forme du remède final. C’est le jeune Fida qui en parle pour la première fois, expliquant que tout petit déjà, il aimait beaucoup lire, et qu’il s’est ensuite trouvé une passion dans le théâtre, voulant même en faire son métier. Il raconte ensuite qu’il est allé demander conseil à son professeur de religion qu’il affectionnait particulièrement, quant à sa vocation future. Or, son professeur lui répondit que le théâtre était très beau, mais ne servait à rien. Il lui conseilla plutôt d’exercer un métier dans la religion, ou bien de rentrer dans l’armée afin d’aider ses « frères ». C’est ainsi que le jeune Fida commença à exprimer des doutes sur sa vocation future, n’en parlant presque plus durant la suite du spectacle. Toutefois, ce que finit par nous affirmer le Fida Mohissen de nos jours, à la fin de sa pièce, c’est que le théâtre a bien servi à quelque chose, et ce sont d’ailleurs ce que veulent signifier les derniers mots du spectacle. Comme les premiers, ils font référence à la « magie » du théâtre, qui permet de réunir des gens, tous aussi différents les uns que les autres, mais qui ont en commun un seul souhait, réinventer, repenser le monde en quelques heures. Le Fida du passé cherchait donc à atteindre l’éternité, en s’élevant grâce à la religion, pour finalement se rendre compte, que l’éternité était « là, entre nous », c’est-à-dire dans la salle, dans le partage de nos valeurs, de nos cultures, à travers le théâtre. Finalement, c’est en partie à travers le théâtre que le personnage a appris à de nouveau aimer le contact avec les autres. LF.

Un des passages les plus durs à entendre, c’est quand ce jeune homme devait subir ses soins. Je dis subir car dès qu’il entendait les médecins dans le couloir pour venir le soigner, il commençait déjà à hurler qu’il ne voulait pas et suppliait Mme Adrienne de ne pas le faire. A cause des nombreux éclats, cela était très douloureux pour lui et extrêmement long, cette torture pouvait durer jusqu’à trois heures. Blaise était là pour le soutenir, je pense, moralement et le faire sourire et rire durant les journées, comme quand il jonglait par exemple. Le petit allait mieux de jour en jour, même si cela prenait énormément de temps ! Cependant un jour un médecin de « haut rang » est venu dans l’hôpital pour vérifier l’état des malades et voir ce qu’ils faisaient. Mme Adrienne était paniquée et ne voulait pas qu’il vienne voir le petit, car elle disait qu’il le tuerait. Alors elle demande à Blaise de l’aider, mais il ne pourra pas faire grand-chose. Le médecin regarda l’état du petit en disant que c’était n’importe quoi. Il demanda à Mme Adrienne d’enlever son pansement, ce qu’elle fit en rassurant le petit qui criait déjà de douleur. Elle essayait d’aller doucement pour ne pas lui faire plus mal, comme il l’avait déjà enduré dans la journée et qu’elle craignait qu’il ne puisse pas supporter la douleur et succomber à celle-ci. Mais le médecin n’eut pas de patience alors il repoussa Mme Adrienne et arracha le pansement d’un coup sec. Après cela il voulut montrer une technique de soin plus adaptée et qui prendrait moins de temps à soigner pour les médecins. Il prit un des ustensiles de chirurgiens et commença à « soigner » le petit en le charcutant littéralement : il voulait faire un grand trou plutôt que pleins de petits qui étaient plus longs à soigner et plus infectieux. Le petit hurlait de douleur mais il n’arrêtait pas. Au bout d’un moment il eut fini et déclara en sortant de la pièce : « voilà comment il faut faire ». Et le narrateur, Blaise, dit « cela faisait un bon moment que le petit ne criait plus », ce qui veut dire que le petit était mort bien avant que le médecin finisse son « explication ». Lors de ce passage les larmes me sont montées car même si on pouvait s’y attendre, la façon dont il l’a expliqué était horrible et réaliste.
J’aimerais parler de la précision avec laquelle l’auteur du livre, qui est aussi le personnage principal, aborde certains passages. A vrai dire je trouve que tout le spectacle qu’on a vu était d’une précision particulière, une précision qui touche les gens directement au cœur. Comme si nous le vivions à l’instant même où il racontait son histoire, comme si nous étions à ses côtés. Je ne ressens pas souvent ce genre de sentiments, à part quand je lis un livre. Ce spectacle m’a touchée d’une manière que je ne saurais décrire, c’est comme si je vivais vraiment toutes les scènes racontées par l’acteur. Peut-être que c’est grâce à lui et à sa façon particulière de conter cette histoire. Ou bien est-ce juste l’histoire elle-même et la façon dont elle a été écrite. CM.

J’aimerais parler de la précision avec laquelle l’auteur du livre, qui est aussi le personnage principal, aborde certains passages. À vrai dire, je trouve que tout le spectacle qu’on a vu était d’une précision particulière, une précision qui touche les gens directement au cœur. Comme si nous le vivions à l’instant même où il racontait son histoire, comme si nous étions à ses côtés. Je ne ressens pas souvent ce genre de sentiments, à part quand je lis un livre. Ce spectacle m’a touchée d’une manière que je ne saurais décrire, c’est comme si je vivais vraiment toutes les scènes racontées par l’acteur. Peut-être que c’est grâce à lui et à sa façon particulière de conter cette histoire. Ou bien est-ce juste l’histoire elle-même et la façon dont elle a été écrite. Le passage que j’ai préféré c’est quand il raconte sa rencontre avec le jeune : j’ai trouvé ces moments beaux et touchants.
Même si je n’avais jamais lu ce livre avant, je l’ai trouvé parfaitement retranscrit. Comme si Jean-Yves Ruf était fait pour incarner Blaise et transmettre une infime partie de son histoire. Je pense que la précision de ce spectacle vient autant du livre et de son auteur, que de l’acteur présent sur scène qui jouait à la perfection ce personnage.
C.M.

Ayant participé à la pièce, il est vrai que mon avis peut être un peu biaisé. Cela dit, au-delà d’avoir pu contribuer à ce projet, je dois dire que je l’ai beaucoup apprécié. Bien que l’intrigue ne soit pas celle de la troupe, ils ont su se l’approprier avec créativité et avec du recul, notamment en brisant à plusieurs reprises le quatrième mur et en présentant une disposition scénique semblable à celle d’un tournage de film. Par ailleurs, j’ai beaucoup aimé leur critique du héros américain. En effet, ils se jouent de l’image de cet homme fort et puissant en le rendant sensible et au final plus humain, reprenant la thèse du film original de Fred Zinnemann. Ce réalisme et cette honnêteté sont au cœur de la mise en scène, tandis que les figurants à court et à jardin ont pour instruction de rester fidèle à eux-mêmes. Les comédiens aussi restent loyaux à leur caractère, et se permettent de chanter faussement, de discuter avec les figurants et parfois même de s’appeler par leurs vrais prénoms (Mélanie, Aurélien et Nicolas). Aurélien Labruyère, justement, prend fortement à cœur son rôle de Will Kane et vit à travers lui, alors que ses inquiétudes de comédien se mêlent à celui du shérif. Cette transparence m’a beaucoup plu, car elle a permis une critique de la vérité et de la loyauté, envers soi-même et les autres.MR.



Lorsque les lumières se sont allumées, nous nous sommes levés, prêts à partir et garder en mémoire ce spectacle, mais la comédienne nous a proposé un livre du spectacle et nous a indiqué une page. D’abord intriguée, je me suis demandé pourquoi elle nous demandait d’ouvrir une page précise. Et lorsque le petit livret blanc à l’écriture bleu GISELLE… est arrivé entre mes mains et que je l’ai ouvert à la page, j’ai remarqué que Samantha disait mot pour mot ce que je trouvais à cette page. Je pense que c’est précisément à ce moment que j’ai compris la particularité du spectacle. Je le trouvais déjà extraordinaire avec tous ces mouvements parfaitement placés, la musique et l’histoire en général, mais c’était un niveau bien au-dessus que nous avions atteint. Je tournais les pages et lisais en même temps que Samantha van Wissen parlait. Elle disait exactement les phrases. Même les plus futiles comme : “tout le monde a un livre ?”. Ils avaient même préparé la réaction du public en mettant à certains moments des didascalies qui effectivement allaient avec notre comportement. Ça m’a fascinée. Je n’avais pas les mots. Elle continuait de parler que je ne pouvais m’empêcher de regarder certaines scènes qui m’avaient marquée, notamment une scène où la comédienne s’énervait contre un personnage qui ne faisait pas les bons mouvements. Elle a commencé à le gronder en néerlandais et, je ne parle pas le néerlandais, mais je peux être certaine qu’elle connaît le livre sur le bout de ses doigts et qu’elle a sûrement dit tout le texte au mot près.
J’ai retenu peu d’informations sur toutes celles donnée par la comédienne ,mais grâce au livre je peux facilement les retrouver. Je me souviendrais par contre de cette pièce pour l’énergie de la comédienne, de la musique captivante des musiciennes, et simplement du moment passé là-bas. C’est certainement ma pièce favorite de cette année et j’espère revoir des pièces comme celle-ci. N.C




Je n’étais pas très enthousiaste à l’idée d’aller voir cette création que je pensais très sérieuse et ennuyante pour moi. J’ai donc été très agréablement surprise de voir une représentation si dynamique, colorée, musicale, variée… en bref, burlesque et déjantée ! Dans ce spectacle, quatre comédiens et musiciens racontaient les Fables de La Fontaine les plus connues, à deux, trois ou quatre, suivant les textes. Ceux-ci ont d’ailleurs été largement revisités et réécrits, tout en ayant conservé quelques répliques originales
J’ai constaté une grande variété dans la mise en scène qui mélangeait beaucoup de formes et de manières différentes de raconter une Fable. Cette absence d’unité représentait la trace d’une création collective dans laquelle chaque membre de la troupe a pu proposer ses propres idées, toutes plus originales les unes que les autres. On assistait tantôt à un dialogue entre comédiens et metteur en scène, tantôt à des échanges de bruitages, tantôt à des saynètes avec seulement les personnages concernés sur scène, ou alors à des passages avec beaucoup de musique et de chansons, ce qui m’a rappelé un style Music Hall ou comédie musicale. Ils nous ont également présenté la Fable « Les Animaux malades de la peste » sous la forme d’un journal télévisé dans lequel le journaliste résumait en direct ce qui se disait au Conseil, et j’ai trouvé que cela illustrait parfaitement bien le message de ce texte : malgré toutes les fautes graves des chefs politiques, le bouc émissaire à condamner sera toujours dans le peuple. De plus, les passages musicaux parfois accompagnés de danse apportaient une ambiance très festive qui m’a beaucoup plu et que je ne m’attendais pas du tout à retrouver au milieu d’un spectacle sur des Fables ! Pendant ces moments, les comédiens passaient au milieu du public pour créer un moment encore plus convivial, surprenant et entraînant. L.D



Cette pièce est très touchante de par la performance de la comédienne ainsi que tous les éléments qui l’accompagnent. En ce qui concerne le texte, j’ai trouvé qu’il était très bien écrit, nous offrant des répliques telles que « 2 enfants sont passés, le dernier est resté dans mes entrailles », très touchantes, marquantes et parlantes. La comédienne signe une performance impressionnante dans laquelle elle réussit à tenir en haleine le public en étant seule sur scène à raconter ce drame familial et religieux, en plus de manipuler à la perfection les différentes voix et vitesses d’élocution pour définir chaque personnage différent, ainsi reconnaissables très facilement. Grâce à la combinaison du texte et du jeu de Clémentine Célarié, cette pièce très émouvante arrache quelques larmes aux plus sensibles, notamment lors du témoignage d’Adrien, la première victime à prendre la parole pour dénoncer la pédophilie du fils de la protagoniste, ou encore lors du choc énorme et la réaction de la mère face à ces révélations. Par ailleurs, la place de la religion est très importante ici, presque centrale. Quand son fils est évoqué, la croix est alors mise en lumière, éclairée en rouge, ce qui représente le côté diabolique de celui-ci. En ce qui concerne la lumière, l’éclairage est d’abord très sombre avec seulement une bougie tenue par la comédienne : le personnage est alors seul, perdu. Puis projecteurs s’allument, et permettent à certains moments un jeu d’ombre très intéressant : lorsqu’elle décrit son fils ainsi, « je le voyais arriver de sa grande taille, fine, et droite », la comédienne voit alors sa silhouette apparaître sur le mur derrière elle, étirée grâce à l’orientation des lumières, qui représente alors cet autre personnage. Malheureusement, j’ai trouvé la fin quelque peu bâclée : en 5 à 10 minutes, on assiste à de nombreux rebondissements avec, selon moi, une mauvaise répartition du rythme. En effet, l’assassinat du fils, l’emprisonnement de la mère et son suicide dans sa cellule arrivent très brusquement et s’enchaînent rapidement. De plus, le passage où Adrien devient symboliquement son fils est trop rapide pour être vraiment compris et assimilé par le public. Cela peut s’expliquer par le fait que ce soit une adaptation d’un livre et que de nombreuses coupes ont dû être effectuées, ce qui donne lieu à un certain manque de sens. Cependant, cette fin est l’unique moment de la pièce pendant lequel le décor bouge et se modifie : les murs se rapprochent très lentement dans un mouvement presque imperceptible pour former la cellule de prison de la narratrice et personnage principal, ce qui entraîne ainsi la disparition de la croix derrière, en fond de scène. L.D

Le samedi 8 mars 2025, j’ai eu la chance d’assister à une représentation de la nouvelle création du Théâtre du Soleil dirigé par Ariane Mnouchkine, Ici sont les dragons, Première époque : 1917, lors d’une sortie scolaire à Vincennes. J’ai trouvé le lieu de la Cartoucherie extraordinaire, avec une ambiance très amicale et chaleureuse. Le fait de pouvoir observer les comédiens se maquiller, s’habiller… m’a permis d’entrer dans l’univers du spectacle dès l’arrivée, notamment avec l’accueil assuré par la metteuse en scène Ariane Mnouchkine et quelques comédiens en costume. Cela crée un lien particulier entre les spectateurs et les artistes, qui ne cachent absolument rien de leur préparation. Je m’attendais à avoir accès à une plus grande partie de l’histoire, et non juste à l’année 1917. Je pensais également qu’il y aurait la majorité de la pièce en français et une petite partie en russe, ce qui s’est rapidement avéré être faux, puisque les répliques étaient en russe, ukrainien, anglais et allemand pendant presque toute la durée du spectacle. Cela m’a quelque peu dérangée malgré la présence de sous-titres, car les textes étaient assez complexes, étant donné qu’ils étaient très axés sur la politique. De plus, lire me fatigue au bout d’un certain, et suivre à la fois les sous-titres et la mise en scène pouvait être un peu difficile. Cependant, le système d’écrans à niveaux multiples était très pratique : on pouvait lire celui que l’on voulait en fonction de notre placement dans la salle. Il y avait beaucoup de comédiens, ce que j’ai apprécié de par les effets de masse, notamment pendant les changements de décors qui étaient très impressionnants. J’ai même eu un sentiment d’oppression lorsque les acteurs déplaçaient les murets du fond de scène vers l’avant-scène avec assurance. Dans cette pièce, qui aborde donc le thème de la politique russe à la fin de la Première Guerre mondiale, la troupe joue tous les personnages principaux et tous les grands évènements de cette année charnière en Russie : les deux révolutions, les débats, les décisions prises, les premiers signes de dictature et de régime autoritaire… C’était très différent de ce que j’ai l’habitude de voir, que ce soit du point de vue de l’effectif de la troupe, du sujet traité, des décors, des costumes, de la langue… J’ai beaucoup aimé découvrir une nouvelle facette du théâtre ! Le lien avec l’actualité russo-ukrainienne se fait dès le début avec l’image de Poutine qui justifie l’invasion de l’Ukraine, et une comédienne révoltée qui veut le faire taire. LD.

Le mardi 29 avril, nous nous sommes rendus au théâtre de La Louvière pour assister à un spectacle intitulé Lichen. Dans cette pièce, écrite par Magalie Mougel et mise en scène par Julien Kosellek, nous suivions les pensées et les sentiments d’une petite fille, vivant seule avec son père dans un quartier désaffecté. Cette jeune fille fut interprétée par trois comédiennes : Natalie Beder, Ayana Fuentes-Uno et Viktoria Kozlova. La pièce alliait musiques et descriptions, permettant ainsi aux spectateurs de s’imaginer les personnages, les scènes et les lieux à leur manière. Ainsi, on peut se demander en quoi ce spectacle parvient-il à créer un lien singulier avec le public. Avant d’assister à cette représentation, je n’avais que de fines bribes d’informations quant à l’intrigue et à la mise en scène. Je savais aussi que le spectacle n’allait pas avoir pour but de me faire rire.
Cette pièce m’a chamboulée. Son visionnage ne m’était pas désagréable, mais quelque chose dans l’histoire m’a heurtée. Peut-être était-ce le point de vue ? En effet, nous ne possédions qu’une seule version de l’intrigue, celle d’une petite fille. Je pense que son innocence et sa naïveté m’ont touchée. Toutefois, certains passages m’ont quand même mise mal à l’aise, comme lorsqu’elle se rend à l’école avec la peur au ventre. J’ai été blessé par le nombre de propos violents qu’elle subit : plus de la moitié des personnages qui nous sont dépeints ont été méchants et agressifs avec elle. Finalement, je pense que je ne sais pas très bien que penser de cette pièce. Je n’arrive pas à savoir si j’ai apprécié son visionnage ou si, au contraire, j’ai été trop troublée par son aspect direct et brutal.
L.M.